La monnaie penche trop souvent du coté des pollueurs et des riches

La monnaie penche trop souvent du coté des pollueurs et des riches

La justice sociale et la paix sociale sont sœurs jumelles. Pour vivre en harmonie en société, il est question avant tout de balance, d’équilibre. La monnaie et les règles qui régissent sa création sont aujourd’hui biaisées et le plus souvent à l’avantage des pollueurs et des plus riches. Est-ce vraiment de cette monnaie que nous voulons pour la société ?

La première fonction de la monnaie est l’unité de compte qui sert à mesurer la valeur de toute chose : un produit, un service, un travail, une aide (sociale), une retraite, une indemnité (chômage).

Nous sommes collectivement responsables de l’ajustement de la balance qui sert à mesurer toute chose, en plaçant à chaque instant la monnaie sur un côté de la balance, et de l’autre ce que nous mesurons. C’est dire le rôle social extraordinaire de la monnaie.

La monnaie exige de notre part la nécessaire juste mesure, l’équilibre de la balance, la justesse, l’honnêteté, la confiance, en somme la justice.
Pourtant nous avons délaissé cet outil depuis Napoléon au système bancaire, à la finance. Les gens des banques et de la finance sont seuls à pouvoir juger de ce qui est juste dans les affaires monétaires. Ils ont pris sous leur contrôle la monnaie, ce bien qui permet la mesure.

La banque a ce pouvoir extraordinaire de décider à qui prêter et dans quel projet, alors que la monnaie qu’elle prête n’est même pas la sienne. Cette monnaie est créée au moment de l’octroi d’un crédit.

Pensez-vous que dans la balance de la banque le caractère social ou écologique du projet compte ? Seul compte pour la banque de maximiser ses profits en prenant le moins de risques financiers possibles.

Dans le monde impitoyable de la finance, tout leur semble juste : de la mère isolée qui paye un crédit revolving à 15% car elle n’arrive pas à joindre les deux bouts, jusqu’au 10 milliards d’euros empruntés à taux 0 par Bernard Arnault grâce à l’action de la BCE (pour acheter Tiffany).

Quand on donne le volant de notre monnaie aux ancêtres des usuriers (appelés banquiers aujourd’hui), c’est normal que par un coup de volant, ils sacrifient le reste des passagers pour sauver leurs peaux en cas d’accident.

Rien n’est plus injuste que la politique monétaire des banques centrales qui exacerbe les inégalités de richesse. Ils vous diront que leur politique sauve les États et les gens. Demandez leur pourquoi ne pas donner alors cette manne directement aux États et aux gens ?

Pourquoi la BCE injecte des milliards sur les marchés financiers ? Et notamment le marché de la dette ? Parce que depuis des siècles nous avons choisi un chemin, celui d’une balance qui penche à chaque fois du côté des banques et de leurs meilleurs clients.

Aujourd’hui nous sommes pris au piège de la finance et des logiques de marché. Il faut constamment sauver le patrimoine des riches et alléger le poids de leurs dettes. Nous sommes pris en otage, c’est le chantage permanent : « vous nous sauvez ou vous mourrez avec nous ! »

Incapable de prendre des décisions à long terme, ceux qui nous dirigent bricolent, c’est la fuite en avant permanente…

Personne n’ose prendre les devants pour proposer un autre système que celui de la dette avec intérêts qui gangrène notre économie.

En attendant, il y aura des gagnants : ceux qui sont aux volants, ceux qui sont proches du robinet monétaire. Et il y aura des perdants : les salariés, les fonctionnaires, les jeunes qui seront difficilement propriétaires, ceux qui ont mis un peu d’argent de côté…

Les riches profitent aujourd’hui de l’envolée de leur patrimoine. Les autres sentiront petit à petit leur conditions de vie devenir plus difficiles (inflation couplée à une hausse des salaires modérée, difficulté à se loger…).

Le monde de la finance et des marchés a réussi à ringardiser la morale, à inhiber notre devoir de décider à tout moment de ce qui est juste. En prenant en otage la création monétaire, il a de fait pris en otage la balance qui permet d’avoir l’équilibre social, la justice sociale.

Anice Lajnef

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